L'école publique

Ecrit par M. Charles Decaen pour le journal communal n° 20 de mars 1997, Maire de Cambes-en-Plaine de 1965 à 2001.

Depuis quelques temps les parents des enfants scolarisés à l’école de Cambes-en-plaine nous posent la question : Qui était Hélène Moulin dont le nom a été donné au groupe scolaire de Cambes-en-Plaine ? Réponse : Madame Hélène Moulin était institutrice et enseigna à l’école de Cambes-en-plaine de 1926 à 1956 comme directrice de l’Ecole Primaire.

Retracer la carrière de Madame Hélène Moulin comme institutrice à Cambes-en-plaine, c’est aussi prendre en compte sa vie personnelle et la période du temps où cette vie s’est déroulée, c'est-à-dire la première moitié du vingtième siècle. Ce demi-siècle qui allait être un tournant du mode de vie de l’humanité. Ce demi-siècle bouleversé et ensanglanté par les événements de deux guerres atroces 1914/1918 et 1939/1945 a tellement marqué la France, le monde et un si grand nombre de familles normandes et celle de Madame MOULIN ne fut pas épargnée.

En m’attachant à cette question : faire connaître même brièvement Madame Hélène Moulin dans ce demi-siècle, dans sa vie à Cambes, en plaçant ce récit dans la chaîne des institutrices et des instituteurs qui ont enseigné à Cambes sans interruption depuis presque deux siècles, c’est suivre une période et un mode de vie de tous les habitants de Cambes.

J’ai pensé que la tâche à découvrir est grande et belle, mais sera incomplète malgré tout, et je me suis senti petit devant cette chaîne de noms des instituteurs aux visages inconnus. J’ai réalisé également que le savoir qu’ils ont donné aux enfants de Cambes pendant deux siècles est un trésor merveilleux, le « patrimoine » le plus beau qu’il nous faut transmettre à notre tour à ceux qui suivront ; c’est un devoir sacré pour nous.

Ecole Cambes

Devant la tâche de ce récit, je me permets de le partager en deux :

  • Madame Hélène Moulin
  • L'Ecole de Cambes et ses instituteurs.

Hélène Moulin à Cambes

Madame Hélène Moulin enseigna à Cambes de 1926 à 1956. Née en 1896 à Fleury-sur-Orne (qui s’appelait à cette époque Allemagne) dans le Calvados près de Caen.

Ernestine, Marie, Jeanne, Hélène Buisson, jeune institutrice déjà expérimentée, épousa en 1921 un militaire de carrière Pierre Moulin, né en 1898 à Champsecret dans le département de l’Orne. Adjudant au 129ème Régiment d’Infanterie en garnison à Caen il revenait d’Allemagne où il venait d’effectuer un période d’occupation qui suivit la fin de la guerre 1914/1918.

En 1926 Madame Hélène Moulin est nommé au poste d’institutrice/directrice à l’Ecole Publique de Cambes (poste libre suite au départ en retraite de Mme Augustine Langevin).

Le jeune ménage s’installe à Cambes, il a déjà deux enfants : Marcel et Henri nés en 1923 et 1925. Un troisième enfant, une fille, Madeleine, née à Cambes en 1928, mariée elle aussi à un militaire de carrière en 1948. Elle le suivit en Algérie et ils rentrèrent en France à la fin de ce conflit. Elle vie actuellement dans une localité du sud du Calvados.

Henri, de profession chef-comptable, habitait Blois avec sa famille où il est décédé en 1985.

Marcel, l’ainé, militaire engagé au début de la guerre 1939/1945, se trouvait en Afrique du Nord comme militaire où il resta pendant les premiers événements. Il opta alors pour l’armée de De Gaulle. Incorporé en Afrique dans l’armée de De Lattre de Tassigny. Après les campagnes d’Afrique et d’Italie, il participa au débarquement de l’armée de De Lattre de Tassigny sur la côte méditerranéenne le 15 août 1944, puis remonta vers l’est de la France en participant à la bataille libératrice de la Vallée du Rhône et de l’Alsace, le siège de Strasbourg et l’Allemagne. Pendant l’occupation allemande et durant la marche de l’armée remontant la France, il n’avait pas était autorisé à donner de ses nouvelles pour raisons de sécurité.

Ses parents le retrouvèrent en voyant sa photo dans un journal retraçant la prise de Strasbourg par les troupes françaises. La guerre finie, il revint vivre à Caen en 1950 puis à Cambes (à la Bijude) avec son épouse. Décédé en 1972, il était le mari de Mme Yvette Moulin et ils habitaient ensemble à la Bijude, dans une maison de ses parents reconstruite après la guerre. Maison où réside toujours, rue des Six Acres, Mme Yvette Moulin.

Mais revenons après ce tour de famille aux années d’activité d’enseignante de Madame Hélène Moulin. Ces années comme dit précédemment furent marquées par les deux guerres 1914/1918 et 1939/1945.

D’abord celle de 1914/1918 :

Née en 1896, Hélène Buisson avait 18 ans en 1914. Jeune étudiante désirant devenir institutrice, la fin de ses études fut hâtée. Il fallait remplacer les jeunes instituteurs mobilisés. Et la grande guerre fut longue, pénible et cruelle pour la France.

Jeune enseignante, la guerre finie, Hélène Buisson rencontre Pierre moulin en garnison à Caen. Ils se marient en 1921 et arrivent à Cambes en 1926. Le jeune ménage s’installe dans un petit logement de fonction situé au 1er étage d’un bâtiment ancien attenant à l’école, au dessus d’une salle de classe servant de classe enfantine quand c’était nécessaire en fonction du nombre d’enfants (déjà les fermetures et ouvertures de classe).

A noter que cette salle servait également de salle de mairie, qu’à cela ne tienne, Madame Moulin ayant accepté de remplir le poste de Secrétaire de Mairie laissé vacant par sa collègue partie en retraite. Elle trouvait là une facilité pour travailler chez elle avec sa jeune famille et ainsi apprendre à connaître mieux les familles et les enfants. D’ailleurs les instituteurs étaient rapidement adoptés et devenaient des notables respectés.

Monsieur Moulin en garnison à Caen, le ménage reste à l’étroit avec la famille qui grandit dans leur petit logement au 1er étage jusqu’à 1932.

En 1932, Monsieur et Madame MOULIN achètent à la Bijude la propriété du Maire M. Joseph Lecornu qui vient de décéder. C’est une belle propriété ancienne, maison de caractère comprenant quatre corps de bâtiments, un pré planté, un très beau jardin potager, le tout d’une surface de terrain d’environ 1 ha. La famille s’installe doucement à la Bijude les premières années, homme d’action, démarre dans les bâtiments à usage de communs et dans le pré un élevage de poules pondeuses de race gâtinaise qui sera florissant.

Mais voici que les relations internationales se gâtent ; nous venons de passer les années troubles de 1934-1936. Les années de travail sont rattrapées par la guerre : nous sommes en 1939.

C’est la guerre de 1939-1945 qui arrive. Mais si la guerre éclate sur la Normandie en 1944, à Cambes depuis 1939-1940, trente jeunes hommes pères de famille sont mobilisés. Les femmes et les enfants souffrent de cette séparation (1914-1918 est encore présent dans les mémoires). La débâcle de l’armée française en juin 1940 augmente encore le mal, 25 jeunes mobilisés sont prisonniers et ne rentreront qu’en 1945, après avoir passé 5 ans dans les camps et les usines en Allemagne.

Les Allemands arrivent en vainqueurs chez nous et s’installent pour une longue occupation.

Les instituteurs et institutrices trouvent là un autre devoir à remplir, faire comprendre aux enfants, aux familles, cette suite de revers tout en maintenant l’espoir et accepter ce changement de vie difficile à supporter. Les institutrices font merveille pour expliquer, aider. Elles patronnent les envois de colis aux prisonniers chaque mois, l’aide aux familles, la gestion des tickets de rationnement, l’aide au courrier vers l’Allemagne et les camps de prisonniers appelés stalags et oflags.

Mais la guerre et l’occupation allemande réservaient à Cambes et à ses habitants bien des soucis, bien des ennuis, bien des inquiétudes. Un régime particulier allait bientôt surgir.

Un abattoir industriel existait à Cambes dans le milieu du bourg depuis 1927.

Le propriétaire-exploitant, Monsieur René Garnier, mobilisé, fait prisonnier, était parvenu à s’évader. Rentré à Cambes, il remettait progressivement ses installations en service.

Les Allemands, installés en occupation et en attente sur les côtes de la Manche, comprirent tout de suite qu’ils pourraient tirer de telles installations pour ravitailler leurs troupes. Dès leur arrivée, ils sommèrent le patron industriel de travailler pour eux.

Devant la mauvaise volonté évidente de ce dernier, ils le mirent à la porte de son établissement au bout de quelques temps et le prièrent sans ménagement de quitter les lieux. Les ateliers, frigos, bureaux, maison d’habitation furent réquisitionnés et occupés.

Les Allemands engagés dans la guerre pour atteindre leur but et satisfaire leurs besoins en nourriture, il fallait faire travailler l’abattoir au maximum. Pour ce faire et parvenir à la pleine activité arriva alors des troupes allemandes plus âgées ou des blessés en convalescence, troupes composées de bouchers, charcutiers, tueurs … De plus ils renforcèrent le personnel en réquisitionnant des civils, parfois même des rafles effectuées dans les rues de Caen (spécialistes disaient-ils)

A la fin de 1940, un centre d’abattage et de charcuterie pour le ravitaillement était en place avec un capitaine commandant à la tête d’une centaine d’hommes « moitié soldats, moitié travailleurs ».

Mais Cambes n’était pas encore au fond de l’abîme. Les besoins de leurs troupes qui s’installaient augmentant. L’idée de transformer l’abattoir de Cambes en centre de ravitaillement général, de produits alimentaires variés prit corps en 1941. Il fallut de la place et de nouveaux bâtiments.

Sous la houlette d’un capitaine commandant blessé en Russie et affecté à l’arrière à Cambes, leurs besoins furent vite satisfaits. Leur effectif doubla, tripla pour atteindre certains moments environ 500 hommes.

Pour loger les hommes et les marchandises en plus de l’abattoir, les maisons voisines furent réquisitionnées à leur tour et vidées, parfois gardées meublées et les habitants furent priés de loger ailleurs (ou dans une seule pièce) ou cohabiter.

C’est ainsi que le manoir, la maison Bidaud, le presbytère, l’école, le château leur servirent de logements, de casernements, de magasins d’intendance, de lieux de détente pour reposer par roulement les troupes des blockhaus du bord de mer. Le parc du château fut garni de baraquements militaires et transformé en cantonnements avec quelques armes lourdes et de DCA dissimulées dans les taillis et les bois.

Les camions militaires assurèrent les transports des soldats et des marchandises en transit, le petit chemin de fer de Caen à la mer fut utilisé pour amener bestiaux et marchandises lourdes.

Pour assurer leur sécurité : des réseaux de barbelés, dans barrières antichars, des tranchées, des guérites et postes de garde furent installés dans les endroits jugés stratégiques (extrémités des rues et carrefours, portes des abattoirs, grilles du château. Le soir, les barrières des rues étaient roulées et cadenassées et le couvre-feu mis en place de 9h00 du soir à 8h00 du matin, toute lumière interdite. Des patrouilleurs en armes sillonnèrent le village nuit et jour et leurs bottes ferrées martelaient le sol en cadence

Cambes était devenu un camp retranché de ravitaillement. La vie continuait au ralenti sous le joug de l’occupant qu’il ne fallait pas trop chatouiller.

La Kommandantur à Cambes sous l’occupation 1940-1944 se composait de : jugez plutôt

  • Le capitaine commandant à Cambes,
  • La police militaire et civile commandée par un commissaire de la gestapo (un civil boiteux appelé Hampel),
  • Le capitaine de la troupe,
  • Le chef de l’exploitation - Her Lieutenant et Feldwébels adjudants du centre de ravitaillement

Et cela dura jusqu’au matin du 6 juin où tout ce beau monde s’enfuit pour laisser la place aux unités combattantes allemandes et à leurs blindés. Mais cela est une autre histoire.

Que dire maintenant que l’on connaît tous ces évènements qui entourent la vie de Madame Moulin ? Que dire de sa carrière ?
Sa carrière et sa vie peuvent se couper en deux parties, chacune marquée par une guerre.
De la jeune étudiante institutrice de 18 ans à 1939 : l’espoir d’une belle vie d’enseignante.
De la guerre de 1939 à la retraite, une deuxième partie : le courage, le devoir de reconstruite sa patrie.

L’espoir :

Jusqu’à 1939 oublier la guerre de 14-18, bâtir sa vie et celle de sa famille. Hélène Moulin a du grandir et mûrir vite pour boucher souvent les vides des enseignants pendant la guerre de 14-18. Mûrir avant l’âge, après des études sérieuses, elle tient sa place dans l’enseignement. Elle se marie, fonde un foyer et c’est déjà une mère de famille qui arrive à Cambes en 1926. Jeune institutrice dévouée aimant sa profession, doublée du secrétariat de la Mairie, elle commence à oublier la guerre. Elle s’intègre bien à la commune de Cambes-en-Plaine décidant rester dans ce petit village aux familles nombreuses qu’elle comprenait bien, qu’elle aimait et dont elle instruisit et forma deux générations : amour et confiance réciproque qui se manifesteront longtemps jusqu’à la vieillesse. L’achat de la maison de la Bijude marquait la réussite et l’intégration solide.

Le courage :

Plus brève et plus brutale avec à nouveau la guerre - la débâcle - l’armistice - le débarquement - l’occupation - 1940. L’école est occupée par l’armée allemande, enfants et institutrice mis dehors avec très peu de mobilier et de matériel. Il fallut trouver une solution. Un refuge provisoire fut à son tour réquisitionné (dans la ferme actuelle de M. Ivan Decaen) et l’école installée tant bien que mal. La locataire fut refoulée dans une chambre et un grenier.
Le provisoire dura les quatre ans de l’occupation plus un an de remise en état de l’école. Madame Moulin avait encore durant ces quatre brèves années le réconfort de sa maison de la Bijude, hélas pas pour longtemps. Le pire était à venir.

Hélas oui, pour Cambes et la Bijude le plus dur arrivait avec ce jour libérateur du 6 juin 1944 tant attendu. Arriva aussi la vraie guerre. Les assauts pour prendre Caen durèrent jusqu’au 9 et 17 juillet. Cambes sinistré au 2/3, un champ de ruine, plus de vie, plus d’animaux ni d’oiseaux, un silence de mort régnait, troublé de temps à autre par le bruit d’un pan de mur qui achevait de tomber et le ronflement de la bataille qui s’éloignait.

Pour la famille Moulin, les châtelains et les habitants de la Bijude : la Bijude n’existait plus, transformée en un point fort de blindés allemands pour leur défense avancée (la terrible bataille de Caen avait anéanti les villages voisins de la ligne de front)

Les habitants qui avaient été chasés par les troupes allemandes trouvèrent au retour un champ de ruine plus terrible encore que celui de Cambes, la désolation, le désespoir. De la Bijude, de ses fermes et de ses maisons il ne restait rien. Tout était écrasé, laminé, les arbres de l’avenue reliant Cambes à la Bijude étaient tous hachés, les maisons des tas de pierres où chacun fouillait pour trouver une cuillère, une fourchette, un bibelot ébréché mais tellement précieux.

Le retour à la vie 1944-1945-1946 :

La guerre et son cortège sont partis plus loin, la vie va reprendre avec beaucoup d’enthousiasme. Mais le calme, ou trop de calme commence, plus de maisons, plus d’habitants, plus d’enfants, plus rien. Et puis doucement les habitants revinrent, furent logés dans des baraquements. Il fallait déblayer d’abord, programmer, réparer, construire des logements provisoires.

L’école continua encore un an dans la ferme qui fut elle aussi rafistolée. Elle reprit ses locaux l’année suivante avec un effectif très faible dans des bâtiments bien réparés pour la situation, mais déjà bien vieux.

Madame Moulin et sa famille reprirent le petit logement de jeunesse en attendant la reconstruction de la maison de la Bijude qui demanda 10 ans. Dix ans d’une nouvelle lutte qui laisse des temps forts et riches et des moments de découragement, de désespoir.

Dure période pour Madame Hélène Moulin :

La guerre, l’occupation, la destruction, la reconstruction, la réinstallation.

La retraite approchait après quelques années dans la jolie maison neuve devenue trop grande. Elle arriva après avoir connu les deuils de son mari et de son fils Marcel. L’âge venu Madame Moulin partit dans un appartement à Caen, Quai de Juillet.

Madame Hélène Moulin est décédée en 1975. Elle repose auprès des siens dans le petit cimetière de notre village qu’elle a tant aimé, au pied de l’église ou l’horloge nouvelle marque les heures de la vie qui continue. Puisse sa terre lui être douce et légère.

Madame Moulin - Cambes se souvient :
Par votre belle profession d’institutrice, vous et tous les instituteurs et institutrices qui ont enseigné à Cambes, vous l’avez bien servi. 
Du fond du cœur à vous tous merci.
Un de vos anciens élèves Charles de Caen

Au cours de sa longue carrière d’institutrice passée à Cambes-en-Plaine, Mme Hélène Moulin a connu de nombreuses générations depuis Aline Bosquin, la première élève présentée au Certificat d’Etude Primaire, venant à pied du « Londel » et rejoignant à pied sur le chemin de l’école les élèves habitants à la « Bijude ».

La classe de Mme Moulin comprenait en moyenne chaque année 40 élèves âgés de 5 à 12 ans (12 ans âge du certificat d’étude).

Le sommet de sa carrière fut 1937, où présentant deux élèves au Certificat d’Etude Primaire de Creully, elle obtint les deux premières places du Canton. Cette réussite valut au village la présence du Député et du Conseiller Général à la distribution des prix, on y chanta entre autre le tube de l’époque de Ray Ventura « Au lycée papillon » : on n’est pas des imbéciles, on a même de l’instruction.

En remerciement à la longue carrière de Madame Hélène Moulin l’actuel groupe scolaire porte son nom.

Noms des Instituteurs et Institutrices ayant enseigné à Cambes entre 1830 et 1997 :

INSTITUTEURS ET INSTITUTRICES
1837 et 1861 Libois Jacques
1837 à 1862 Villey Félix
1837 à 1863 Leclere Romuald
1864 à 1865 Olivier Jean-Baptiste
1865 à 1868 Bazire Hippolyte
1865 à 1869 Lebassard Louis
1870 à 1873 Turgis Pierre
1874 à 1892 Roberge Edmond
1874 à 1893 Poulin Albert
1908 à 1926 Langevin Augustine
1927 à 1956 Moulin Hélène
1957 à 1960 Chapeau
1960 à 1962 Lagatut
1961 à 1962 Guilmard
1963 à 1976 Royer Odette
1976 à David Jeanine