Eglise Saint-Martin

(Inscrit au répertoire des monuments historiques Xe, XIIe, XIVe siècles et 1944)  - Calcaire

La tour de cette église a l'aspect d'un donjon, contrairement aux clochers à flèches caractéristiques de l'architecture normande. Elle rappelle les clochers côtiers de Luc-sur-mer, Lion-sur-mer, d'Hermanville et de Cuverville, représentatifs de l'époque de la guerre de Cent ans. Elle est épaulée par d'épais contreforts sur lesquels étaient apposées les armoiries seigneuriales du lieu. La façade ouest possède un arc ogival muré. L'appareillage des façades nord et sud en arête de poisson est similaire à celui de l'église d'Anisy. Les bombardements de juin et juillet 1944 ont sérieusement endommagé l'édifice.

Avant le débarquement et la libération, la tour de l'église avait deux cadrans. Celui qui était vu de la rue du Manoir, mais qui malheureusement a été détruit pendant les bombardements de juin 1944. Et celui qui nous indique l'heure quotidiennement.

Eglise St Martin

Extrait du Journal Communal N°14

A 6 kilomètres au Nord de Caen, après avoir dépassé le hameau de La Folie , l'église de Cambes profile sa façade au Sud sur un rideau d'arbres. C'est un curieux édifice, avec nef, chœur et clocher à plate-forme du XVème siècle, dont le plan est celui des églises romanes de la région.

Une nef de 19 m x 6 m 30, sans bas-côtés, prolongée d'un choeur de 10 m x 5 m à chevet plat et dépourvu de collatéraux et de chapelles. Une tour massive, peu élevée, occupe l'extrémité de la nef vers l'Est, flanquant la façade Sud sur laquelle elle fait saillie.

Cette tour de Cambes présente l'aspect d'un donjon et nous éloigne de ces clochers à flèches qui sont la fierté de l'architecture normande des XIIIème et XIVème siècles. Edifiée au XVème siècle, cette tour s'apparente aux clochers côtiers de Luc, Lion, Hermanville, Colleville-sur-Orne, Plumetot, Ranville, Cuverville, etc... Ces clochers-donjons de la plaine maritime, c'est l'époque de la Guerre de Cent Ans qu'ils incarnent; période troublée, où l'expression artistique et religieuse a perdu cette magnificence par laquelle les grandes abbayes normandes des XIème et XIIème siècles avaient si copieusement illustré ce diocèse de Bayeux jusque dans ses plus petites paroisses.

Epaulée d'épais contreforts, sur lesquels se lisent encore les armoiries seigneuriales du lieu, cette tour accuse, par ses baies extérieures, une salle basse et un beffroi. A l'angle Sud-Ouest, une tourelle d'escalier à pans coupés donne l'accès à la plate-forme, tourelle légèrement plus élevée que la tour par la courte pyramide octogonale qui la coiffe.

La façade Ouest de la tour présente un arc ogival muré, qui jadis devait être couronné d'un gable. Des colonnettes engagées, à chapiteaux, reçoivent les archivoltes d'un ancien portail, à la droite duquel s'ouvre la porte de la tourelle d'escalier.

L'église de Cambes est dépourvue d'entrée principale à l'Ouest dont le pignon de façade principale est simplement flanqué de quatre contreforts très plats et percé de trois petites ouvertures plein-cintre. Un portail latéral, s'ouvrant dans la première travée de la nef sur la façade méridionale, constitue l'entrée principale de l'église. Autrefois, ce portail était précédé d'un porche ; un culot et une amorce d'ogives près de l'angle Sud-Ouest témoignent cette hypothèse. C'était un porche latéral en pierre, semblable à ceux de Saint-Contest, du Breuil-de-Mézidon, de Démouville, de Graye-Sur-Mer, qui sont également situés sur la façade Sud de ces églises.

Correspondant à la première travée du chœur, au Midi, près du clocher, une porte romane murée, dont le tympan présente une sculpture originale, ornée d'étoiles, sur le linteau duquel on distingue un bas-relief semblant figurer «Daniel dans la fosse aux lions».

Des contreforts de peu d'importance épaulent les façades Nord et Sud ; façades si typiques avec leur appareillage de maçonnerie en arêtes de poisson (époque carolingienne). Des modillons sculptés de têtes d'animaux règnent au-dessous des corniches supportant la couverture.

L'intérieur de l'église de Cambes ne présente pas la valeur archéologique de l'extérieur. Ici, comme à l'église voisine d'Authie, des restaurations malheureuses ont dénaturé ce qui autrefois était de la Beauté. Seul l'arc triomphal, entre la nef et le cœur, a gardé sa pureté romane, avec ses curieux chapiteaux et ses archivoltes ornés de motifs géométriques. Puis, dans le chœur, une haie à meneau et à remplage.

Un autel majeur du XVIIème siècle occupe le fond du cœur. Les colonnes torses et le fronton du retable encadrent une peinture de l'Annonciation. De chaque côté, les statues de Saint-Martin et de Saint-Charles Borromée.

La partie intérieure de l'église qui a conservé son aspect médiéval est la salle située sous la tour. Non visible de la nef, pour l'admirer, il faut ouvrir une petite porte ménagée dans le grand arc, entre nef et clocher, qui a été muré. C'est une salle de 3 m 50 x 3 m 50, imprégnée du XVème siècle, avec une voûte sur croisées d'ogives; deux baies flamboyantes et une jolie crédence en pierre. On aimerait que cette salle ne soit pas séparée par ce mur inutile, afin de retrouver la chapelle que le XVème siècle avait consacré ici. Mais c'est certainement son isolement qui a préservé son caractère authentique et supérieur à celui qui fut donné à la nef et au chœur par les siècles suivants.
A l'ombre du clocher-donjon de Cambes, repose l'abbé de La Rue*, Membre de l'Institut et historien de Caen.

Ernest PRODHOMME. Mai 1944

LA PORTE DE L'EGLISE SAINT-MARTIN

XIIe siècle, calcaire

La porte de l'église : le linteau en bas-relief de cette porte a été détruit en 1944. Représentant Daniel dans la fosse aux lions, il avait attiré l'attention des commentateurs d'avant guerre tels qu'Arcisse de Caumont* (Bayeux, 29 août 1801 – Caen 16 avril 1873 ) rédacteur de nombreux ouvrages consacrés à l'archéologie, à la classification chronologique et à la sauvegarde des monuments anciens de Normandie et de l'Abbé de La Rue* érudit de la région Normande.

Notes

* L'Abbé Gervais de La Rue, né le 7 septembre 1751 à Caen où il est mort le 24 septembre 1835 , est un homme d'Église et historien français, spécialiste de la littérature normande et anglo-normande . Prêtre réfractaire sous la révolution, il s'exile en Angleterre où il devient doyen d'Oxford à Cambridge. Il rencontre en exil Monsieur de Mathan, officier, qui lui demande de devenir précepteur de son fils. Devient doyen des belles lettres. L'Abbé de la Rue meurt au château de Cambes, il avaint exprimé le désir d'être inhumé au pied de la tour de l'église.

* Arcisse de Caumont, né le 20 août 1801 à Bayeux et mort le 16 avril 1873 à Caen, est un archéologue français.