Monographie 1885
Recopie : document datant de 1885 (propriété des Archives Départementales du Calvados)
Géographie
Position, aspect, accidents de terrain, cours d’eau, etc…
La commune de Cambes fait partie du canton de Creuilly, arrondissement de Caen. Situé à l'extrémité sud-est du canton, sa distance au chef-lieu du département est d'environ 5 kilomètres . Les communications avec Caen ont lieu par trois voies principales : la route départementale de Caen à Courseulles, le chemin de grande communication et le chemin de fer de Caen à la mer.
Elle se trouve dans une assez vaste plaine, cette plaine est un plateau élevé au-dessus des collines qui forment à l'Ouest la vallée de la Mare et à l'Est celle de l'Orne. Vu du chemin de grande communication, cette petite commune présente quelques maisons assez bien bâties et à demi cachées dans un massif d'arbres formé par le par boisé le château et quelques autres bosquets.
Quand aux accidents de terrain, le sol présente une plaine assez monotone quelque peu boisée et puis quelques légères dépressions viennent à peine de temps à autre se présenter à la vue.
Le hameau de la Bijude , situé sur la route départementale à un kilomètre de Cambes environ, présente le même aspect.
Le territoire, en raison de sa situation est absolument dépourvu de cours d'eau. Mais le terrain étant très fertile et en raison de sa composition se passe aisément d'eau et subit sans inconvénient les plus grandes sécheresses.
L'étendue du sol est de 320 hectares ne comprenant guère que des terres de 1 ère classe, peu de 2 ème classe, le tout d'une grande fertilité et à l'exception d'un vingtaine d'hectares est livré à la culture.
Chemins. Outre les voies dont il a été parlé, la commune possède encore 4 chemins vicinaux entretenus par un cantonnier communal, plusieurs chemins ruraux et de nombreux chemins pour l'exploitation des terres.
Histoire
Il serait difficile, vu l’absence absolue de documents, de dire d’une manière précise quand et comment la commune s’est fondée. Cependant l’église, avec sa tour carrée, ses fenêtres construites dans un style ogival, son architecture de 12ème siècle, permet d’affirmer l’existence de la commune à l’époque de la féodalité.
Population : Quant à la population, d’après les quelques tableaux de recensement qui existe à la mairie, elle aurait diminué ainsi que l’indique le tableau suivant :
Recensement de 1848 320 habitants
Recensement de 1854 320 habitants
Recensement de 1861 301 habitants
Recensement de 1866 320 habitants
Recensement de 1872 286 habitants
Recensement de 1876 310 habitants
Recensement de 1881 282 habitants
Le mouvement de la population est indiqué par le tableau suivant (périodes décennales) :
De 1823 à 1833 : 49 naissances 18 mariages 48 décès
De ???? à ???? : ?? naissances 19 mariages 62 décès
Tandis que la population est en décroissance, les naissances ont augmenté. La dépopulation est due à la tendance fâcheuse qui fait que l'on quitte la campagne pour la ville.
Les habitants vivent en général de 60 à 80 ans et plus ils sont nés avec un caractère sombre et aiment la vie privée. Quoi étant prés de la ville ils parlent un patois qui est fort répandu dans la contrée.
L'instruction y a fait depuis quelques années des progrès sensibles. La bibliothèque est venue en aide à un besoin de plus en plus grand.
Ecole : la commune possède 2 écoles comptant chacune 25 à 30 élèves.
Le plus ancien budget qui fasse mention de l’existence d’une école est celui de 1881 qui parle de logement du maître d’école « 21 francs » que le préfet inscrivait d’office.
Les budgets de 1814, 1815, 1816, 1817, etc… ne portent rien. Nous arrivons au budget de 1842 qui porte 154 francs pour l’instituteur.
Légendes : il existe à l’extrémité de la propriété Mme De Mathan qui à nom « la Croix Cantée ». On raconte que cette croix que quelques uns font remontée aux Romains, fut sur le point d’être abattue pendant la révolution. Vers 1840, cette croix fut enlevée et remplacée par une autre beaucoup plus petite.
Fouilles : il y a quelques années, lors de la démolition d’un mur qui séparait l’église du château, les fouilles amenèrent la découverte de murailles très épaisses, restes croit-on de construction féodales.
Souvenirs des anciens temps : une grange appartenant au château est inscrite sur les états de section de la mairie sous le nom de grange de la dîme, rappelant ainsi le temps où clergé et noblesse prélevaient le dixième partie des récoltes.
Château : Le château est habité par une ancienne famille, les marquis de Mathan, dont les ancêtres ont du prendre une part active aux croisades. Le marquis de Mathan fut chambellan de Napoléon 1er. (la famille est originaire de Matthieu, commune limitrophe)
Eglise : on voit plus haut la description.
Production
Productions : Le territoire produit des céréales :
Blé : 125 hectares
Avoine : 15 hectares
Les autres céréales ne sont cultivées que d’une manière accessoire. Le seigle l’est principalement comme fourrage.
On cultive aussi les plantes oléagineuses, presque exclusivement du colza, quelque pièce de cameline*
Colza : 100 hectares : 2500 hectolitres
On trouve de nombreux et important débouchés dans les usines de Caen.
Les prairies artificielles permettent d’élever un nombreux bétail.
Le sol n’étant pas propice aux prairies naturelles, les cultivateurs se voient obligés de louer des prairies, des pièces, comme ils disent, le long de l’Orne et de la mer jusqu’à Cabourg.
Ils cultivent les prairies artificielles sur une étendue d’environ 80 hectares.
Bétail : On élève surtout un nombre important de jeunes chevaux et de bœufs qui viennent des départements de la Manche et de l’Orne.
Recensement de 1884 : Mais ce ne sont pas là les seuls produits de l’élevage (145 chevaux). Sont encore nombreux les vaches, porcs et volaille de toute espèce.
Grâce aux vaches laitières, l’industrie beurrière est en honneur. Le beurre est l’un des produits de l’agriculture, auquel la proximité du marché de Caen offre un facile débouché
Sol : Comme il a été dit, le sol est très fertile, il a très rarement besoin d'être amendé. Mais en raison de sa fertilité il demande une fumure copieuse qui certes ne lui est pas refusée.
En général le sol reçoit :
- Colza : 2 années avec fumure abondante
- Blé : 1 année sans fumure
- Foin : 2 années
Elle est l'assolement* le plus répandu.
* Cameline : L'huile vierge de cameline est une des plus ancienne huile alimentaire. C'est une huile fluide, de couleur jaune d'or qui développe une odeur caractéristique d'asperge. L'huile de cameline est très riche en acides gras essentiels; non synthétisés par l'organisme, et convient aux personnes qui ont une peau très sensible.
* Fumure : amendement d'une terre par enfouissement de fumier .
L'assolement est la division des terres d'une exploitation agricole en parties distinctes, appelées soles ou pies, consacrées chacune à une culture donnée pendant une saison culturale. Dans chaque sole, les cultures peuvent varier d'une année (voire d'une saison) à l'autre : c'est la succession culturale ou rotation, qui est une notion différente. L'assolement est la diversité géographique des cultures à un moment donné, la rotation est la succession des cultures sur une même parcelle au fil du temps.
Industrie
Usine : Il existait il y a quelques années une usine pour l’extraction de l’alcool de betteraves.
Elle était dirigée par Monsieur Lemarinier.
L’alcool extrait était expédié sur le Havre, la pulpe servait à l’engraissement des moutons et des bœufs.
L’étendue des terres cultivées en betteraves atteignait 45 hectares ; bon nombre des cultivateurs des environs cultivaient cette racine qui était pour le pays une source de travail. De plus, l’usine fournissait du travail à 150 personnes.
Tout le matériel de l’usine a été vendu ; aujourd’hui une machine à battre occupe l’emplacement.
Note Supplémentaire
Cambes lors de la division territoriale de 1791, fit parti du canton de Matthieu ; cette dernière commune fait aujourd’hui partie du canton de Douvres et Cambes appartient au canton de Creuilly. Ce remaniement territorial a dû se faire vers l’an 1800.
Cette commune est située par 2°42 de longitude et par 46° de latitude boréale.